Les postures de virabhadrasana, dites du « guerrier » sont une occasion de s’interroger sur ce que signifie être un « guerrier » dans notre vie quotidienne.

Vira, signifiant courageux ou héroïque, est la racine sanskrite de l’asana Virabhadrasana, réputé stimuler la confiance en soi, le courage et la concentration mentale.

Qui était Virabhadra ? Pour l’expliquer nous devons commencer par son créateur.

Shiva est l’un des trois dieux principaux de l’hindouisme, il détruit et crée les mondes dans une danse cosmique perpétuelle. Il réduit en cendre les illusions, les obstacles et écrase l’ignorance pour se libérer des attachements terrestres.

Le dieu Shiva est marié à Sati. Un jour, le père de Sati, qui n’apprécie guère son beau-fils, va tant l’humilier que Sati, pour laver l’honneur de son époux, se suicide en se jetant dans les flammes. Shiva, fou de douleur et de rage, arrache l’un de ses cheveux pour donner naissance au féroce Virabhadra. Ce fils, né de la colère de Shiva, massacre le père de Sati et rétablit ainsi l’ordre du monde en détruisant la vanité et l’orgueil.

Pour régler ses comptes avec son beau-père, Shiva aurait pu faire appel à un démon, pourquoi choisi-t-il de créer un guerrier ?

Dans l’Inde védique, deux castes dirigent la société, tout en haut sont les Brahmanes, les prêtres, chargés des devoirs religieux ; viennent ensuite les Kshatriyas, ils sont des souverains ou des militaires, chargés de défendre le territoire, les traditions et les lois.

Shiva crée un guerrier pour venger son épouse car la destruction de son beau-père doit être interprétée comme une action juste et noble, dans le respect des lois cosmiques.

Il en va de même dans le récit de la Bhagavad Gita, qui met également en action un dieu et un guerrier. Arjuna, le guerrier, hésite à combattre sa propre famille mais le dieu Vishnu va l’en convaincre en lui enseignant le Karma Yoga, où l’action juste prévaut sur l’égo.

D’autres guerriers de la mythologie indienne adoptent des stratégies radicalement différentes, pourtant tout aussi efficaces pour éradiquer le mal. Hanuman, l’un des héros du Ramayana, va lui aussi gagner la bataille contre la vilénie grâce à sa loyauté et sa bravoure. On le représente souvent en train de se déchirer la poitrine, en signe de grande dévotion et de courage.

Dans les mythes, les personnages et les actes ont valeur de symbole.  Virabhadra, Arjuna ou Hanuman représentent chacun une facette de notre guerrier intérieur, combattant les désirs de notre égo jamais satisfait, nos peurs, nos faiblesses…

La prochaine fois que vous prenez la posture Virabhadrasana ou l’une de ses variantes, sentez-vous puissant. Un pied dans l’avenir, un autre dans le passé, le corps centré. Connecté à la terre et au moment présent, puisez du sol l’énergie, la stabilité et laissez-la s’épanouir dans la région du cœur. Conscient de vos succès, de vos déchirures, de votre force et de votre fragilité, de tout ce qui est le fondement de la personne que vous êtes. Visualisez vos obstacles et transcendez-les. Manifestez pleinement votre pouvoir guerrier ; qu’il prenne la forme de l’audace, de la noblesse, de l’héroïsme, ou qu’il soit désarmant d’amour !